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ERCO & GENER, une action syndicale rare

Publié le 11/04/2014

Erco & Gener est une entreprise des bords de Loire, installée à Saint Lambert des Levées, face à Saumur et son château. Depuis 1985, la conception et la commercialisation de modems industriels embarqués, gsm, gprs, gps 3g+, rs2… faisait vivre l’entreprise de façon prospère.

En 2013, le ciel tombe sur la tête des salariés. Alertés par la CFDT des métaux 49, ils apprennent que leur entreprise est convoquée au tribunal de commerce d’Angers.

Inquiets mais pas démontés, ils décident de ne pas se laisser faire. Dans l’urgence le syndicat missionne son avocat pour les assister à l’audience. A la première audience, surprise : la direction d’Ercogener n’est pas représentée. La présence des représentants des salariés et de leur avocat empêche le pire. Le 18 décembre 2013 le tribunal rend un jugement d’ouverture de redressement judiciaire. Le groupe Ercofinance, la holding, est, lui, assigné au tribunal de Montauban. Les créanciers veulent récupérer leur argent. L’établissement du Saumurois est alors sorti de la procédure visant le groupe, le dossier restant localisé à Angers.

Pendant le déroulement de la procédure, qui va au rythme judiciaire, le syndicat des Métaux 49 met en route « la machine syndicale », avec pour objectif de trouver un repreneur pour les 31 salariés de l’établissement de St Lambert des levées.

L’Union Régionale CFDT des Pays de la Loire, quant à elle, obtiendra, dans le cadre d’un dispositif permettant l’expertise pour les entreprises de moins de 50 salariés, un financement de la région pour une expertise économique indispensable. L’expert sera le cabinet Syndex, avec mandat de définir les causes de la situation et d’accompagner les salariés pour rencontrer les éventuels repreneurs.

De son côté le syndicat active son réseau et prend contact avec le comité d’expansion.

Au final, le département, la région, le comité d’expansion, Syndex et les salariés seront dans la boucle avec pour but de sauver l’entreprise et les 31 emplois. A la 3audience, le tribunal de commerce prononce une mise en observation de 6 mois avec clause de revoyure et mise en vente. Un administrateur judiciaire est nommé.

Les salariés et leurs représentants, le représentant du syndicat, exigerons de rencontrer, un par un, les différent candidats à la reprise. L’administrateur judiciaire, accédera à leur demande et acceptera que le cabinet Syndex ait accès à tout le dossier ainsi qu’à la dataroom.

Une réunion sera convoquée par l’administrateur, entre les repreneurs, les salariés et Syndex. Le syndicat rencontrera les repreneurs pour donner les bases de la reprise, à savoir  que les 31 salariés doivent êtres repris, sans que ce soit négociable.

Au départ, il y aura 6 repreneurs sur les rangs, deux seront identifiés comme prédateurs et éliminés, un (ancien DG du site) n’avait pas le droit à déposer un dossier. Les trois derniers repreneurs seront :

Eolane et la financière de Combrée, Sapélem du groupe D.Invest, Actech.

Lors de l’audience du 18 mars 2014, le tribunal de commerce d’Angers et les salariés, ont entendu chacun des trois prétendants à la reprise.

Les salariés choisissent finalement D.invest et Sapélem, avec l'accord du tribunal.

Les 31 salariés sont repris, les contrats de travail et les statuts sont maintenus. L’entreprise n’a quasiment pas eu d’arrêt, il n’y a pas de perte de clients majeurs. L’usine de St Lambert ne subira ainsi aucun effet de la liquidation d’Erco Finance.

Ce résultat est le fruit de la capacité de réaction et d’action des salariés et du syndicat des Métaux 49. L’action du syndicat est restée dans l’ombre, mais son efficacité a été certaine. Sans grands discours, sans rodomontades, et sans brûler de palettes, 31 emplois ont été sauvés.

Cette réussite mérite d’être soulignée, il est plutôt rare qu’une entreprise soit ainsi sauvée sans dégât social.  Le syndicat a, dès le départ, admis que les salariés d’Ercogener avaient raison dans leur stratégie et leur choix. Mieux que des indemnités de départ ils ont conservé leur emploi, chez eux et durablement assis leur entreprise.

C’est une victoire liée à une action syndicale impliquant les différents niveaux de la CFDT avec l’aide efficace d’un partenaire SYNDEX dans une entreprise de moins de 50 salariés.

Quelle que soit la taille de l’entreprise, en faisant le bon choix d’actions et en étant accompagné efficacement, les résultats sont au rendez-vous.